18 -30 Mai 1945 – Première sortie le 18 Mai : je passe 2 heures, hors de la chambre au soleil, dans un fauteuil roulant – vive satisfaction - Puis les progrès deviennent réguliers et mes promenades de plus en plus hardies – En même temps, arrivent à l’hôpital de nombreux malades et blessés français évacués de Sze Mao (colonne du Général Alessandri) : S/Lt Daubas, Guerpillon... Arrive également Tardy, un enseigne de vaisseau que j’ai connu au 2e T.M., quand il commandait le poste de Nguyen Binh : c’est lui aussi une victime des chinois – Ayant eu la jambe cassée par des pirates à la sortie du 1er T.M, il y a plus de 60 jours, il n’a pu encore être mis dans le plâtre -
31 Mai 1945 - Brusquement recouché – Mes radios n’étant pas satisfaisantes, les toubibs décident une nouvelle opération – Je suis d’abord assez inquiet quand, couché sur le billard, je vois les 2 chirurgiens s’y reprendre à plusieurs reprises dans le numérotage des côtes sur un de mes radios fixée à contre jour sur une des fenêtres de la salle d’opération – Insensibilisation locale – Les 2 chirurgiens appuient avec force sur ma cage thoracique ; je pensais qu’ils me remettaient en place les côtes cassées quand, après ½ heure de leurs efforts, l’infirmière me présente un morceau de côte dans un linge sanglant – Surprise assez désagréable – L’un des docteurs m’explique alors que l’opération n’est pas encore terminée et qu’ils vont m’endormir – Pendant mon sommeil, ils recoupent encore un morceau de côte -
31 Mai – 5 Juin 1945 - Impossible de bouger – douleurs variées : je suis furieux – Alors que je croyais en avoir fini, combien de temps vais-je encore rester couché ? - 6 Juin 1945 - Visite du Cdt Reul qui m’apprend que le groupement (complété avec des éléments du Capitaine Droniou) va probablement sortir bientôt d’Indochine (région de Trang Khan Phu), en raison de l’attitude déloyale des révolutionnaires annamites qui incitent de plus en plus, en sous main, nos tirailleurs à déserter et rendent les opérations contre les Japs pratiquement impossible – La dernière opération a été une opération, réussie, contre Tra Linh - Tout l’E.M du groupement (De Naurois, Payan...) a déjà regagné, sous des prétextes divers, Kunming : cela ne m’étonne pas outre mesure -
7 Juin 1945 - Les américains décident brusquement mon évacuation sur l’hôpital de Chabua - Il était déjà question, depuis plusieurs jours, de départ sur les Indes en station d’altitude, des militaires français convalescents – Préparant une offensive en Chine, nos alliés désempliraient leurs hôpitaux. Départ de Kunming en Dakota, à 15h, avec Tardy et une vingtaine d’hommes – Arrivée à l’aérodrome de Chabua à 21h après un voyage intéressant, malgré la densité des nuages – Franchissement du « Hump » à 6000 m d’altitude – Paysage sévère de montagnes brisées, pas d’habitants sauf près de 2 beaux lacs, à mi distance environ – Les gorges encaissées de la Salouen et de l’irrawaddy - Au dire des américains, cette ligne est la plus dangereuse du monde ; ils y perdent en moyenne 1 ou 2 appareils par semaine, il est vrai que le trafic aérien entre Calcutta et Kunming est intense et que le matériel n’est pas ménagé - A la nuit, nous suivons fort bien, à leurs phares, les camions sur la route de Birmanie – sur terre, aussi, la circulation semble très dense. Pour diminuer le trafic, les américains ont construit un pipe-line entre Calcutta et Kunming, pour amener le gasoil nécessaire aux avions (ce pipe-line terminé fin mai, ne fonctionnera pratiquement jamais, des pirates le coupant en permanence) –
Arrivée à 11h00 du soir à l’hôpital anglais de Dibrugarh à 40 Km de C, après un trajet en sanitaire épuisant -