23 Décembre 1945 - L’officier de renseignements (Cap. Déduit) me signale que ma région est considérée comme dangereuse – Forte activité Viet Minh à 2 ou 3Km, au N du poste - 22h : alerte – Les Viet Minh attaquent et brûlent l’église et la majorité du village catholique qui se trouvent à 500 m du poste – Ils ont déjà tué le curé il y a 1 mois environ – Mon faible effectif (20 hommes) ne me permet pas d’agir efficacement - 24 Décembre 1945 - Patrouilles repérées – Les derniers catholiques plient bagages pour chercher refuge dans des zones plus tranquilles – le V.M ont abattu les croix du cimetière mais n’ont rien pillé ; je récupère les ciboires, chasubles... Il est vrai que nos coups de feu ont du les activer quelque peu - Evidemment pas de festivités bruyantes – veillée paisible – Nuit assez tranquille, après quelques coups de feu vers 21h30 -
25 Décembre 1945 - Nuit fort agitée, toute en alertes successives, surtout aux environs de minuit – Les V.M. tirent sur le poste, du Nord et du Sud ; Tamtam ; énervement des sentinelles – Au jour, nous trouvons dans un poste de police que je ne fais occuper que de jour, à 50m du poste, des tracts antifrançais – du matériel incendiaire a été abandonné sur place -
27 Décembre 1945 - Vaste opération de police dans mon secteur, dirigée par le Commandant Guennebaud, avec participation d’élément de tout le Commando léger Ayant mission d’interdire le franchissement d’un arroyo, je navigue en sampan entre mes différents postes toute la matinée – 80 prisonniers dont les assassins de mon curé – Riposte faible des Viet Minh - Dans l’après midi, par contre, le Commandant voulant rentrer à son PC par le poste de mon camarade Rodriguez (2e Commando), à 3 Km sur ma droite, trouve des ponts coupés et contraint de faire demi tour, tombe au milieu d’une plantation d’hévéas, dans une embuscade tendue par des Japonais – Décrochage délicat -
30 Décembre 1945 - Grosse inquiétude chez les chinois de Cho Moi, quelques rebelles isolés ayant tenté cette nuit d’incendier plusieurs de leurs maisons – Le chef de congrégation chinoise, gros propriétaire et directeur d’une importante décortiquerie de paddy, est des plus aimables avec moi - Patrouilles au Nord du village : c’est fréquemment dans les pagodes ou les maisons communes, généralement, richement décorées dans cette région de Cochinchine, que les chefs rebelles se réunissent la nuit – Nous trouvons de nombreux papiers, de date récente, portant le cachet avec l’étoile à 5 branches du V.M
31 Décembre 1945 - A 1 ou 2 Km d’ici, sur la route de Hoc Mon, le Viet Minh rançonnent assez fréquemment les nhaqués ou les chinois qui vont ou viennent du marché de Saigon – C’est excellent pour nous, car les habitants commencent à se lasser et se risquent à nous donner des renseignements – Ce qu’ils redoutent cependant, c’est que faute de preuves estimées suffisantes, nous relâchions les personnes dénoncées ; celles ci n’ont alors plus qu’une idée : se venger - Je suis convoqué au P.C, à Hanh Tong Tay, à16h00 – Le Commandant est installé dans une magnifique maison appartenant à un oncle de l’Impératrice d’Annam – Nombreux bibelots de choix : souhaitons qu’ils soient respectés – J’y retrouve un certain nombre de camarades, également dispersés dans la nature – Au retour, je trouve au poste un nhaqué qui vient de se faire dévaliser par 4 individus armés, à 1 Km d’ici, sur la route que je viens de suivre -