13 Janvier 1946 - Interrogatoires de prisonniers ; plusieurs sauvent leur tête en nous conduisant à des dépôts de matériel Viet Minh – L’un d’entre eux, dissimulé dans une plantation de mangoustaniers, près de laquelle nous sommes passés hier, est particulièrement important : obus japonais, poste de TSF, téléphone, armes, casques, papiers... avec tout le confort moderne : armoires, lits, fauteuils, livres français, appareil de cinéma...
14 Janvier 1946 - Nettoyage au sud de Nhi Binh dans la matinée – Arrestations, sur dénonciations, de plusieurs chefs rebelles – La population reprend confiance et commence à fournir quelques renseignements, mais le curé, qui pourrait avoir sur elle une grosse influence, reste assez peu franc, en se contentant de nous faire savoir qu’il est vivant mais désire rester caché encore quelques temps - Vers midi, au N de Nhi Binh, découverte de nombreux matériels, enfouis dans le sol, ou dissimulés dans des arbres : fusils, pistolets, munitions de toutes sortes, casques japonais, machines à écrire... Arrestation diverses dont celles d’un nommé Thau, bon catholique au demeurant, mais chef Viet Minh notoire, recherché depuis longtemps -
15 Janvier 1946 - Le 2e commando léger se divise provisoirement en 2 éléments un groupement statique (4e et 3e Cdos, les plus éprouvés par les récentes opérations) et un groupement de marche qui doit traverser la rivière de Saigon pour aller pacifier les régions de Lai Thieu, Thu Doc, et Bang - Je reste chef de poste de Nhi Binh -
16 Janvier 1946 - Les renseignements abondent et de nombreux villageois se présentent volontairement pour servir comme partisans – Exécutions de quelques rebelles, assassins reconnus de français - L’activité Viet Minh au N de la rivière de Saigon va croissante : à Lai Thieu les rebelles menaceraient de tuer tous les catholiques -
17 Janvier 1946 - Patrouille au N de Nhi Binh, dans la boucle de la rivière de Saigon ; quelques sampans rebelles traversent en hâte la rivière ; faible riposte adverse provenant de la rive gauche de la rivière – arrestations de suspects - Rétablissement des ponts du secteur ; reprise des liaisons auto avec Hoc Mon, Cho Moi et Saigon -
18 Janvier 1946 - Récupération de forts stocks de riz, amassés par les rebelles, et qui nous sont fort utiles pour assurer l’alimentation de nos partisans - Départ brutal à 18h00 : le commando est mis, en réserve mobile, à la disposition du Colonel Cdt le 21e RIC à Hoc Mon – Arrivée dans la nuit -
19 Janvier 1946 - Notre départ de Nhi Binh, sans être relevés, est désastreux – Les habitants commençaient à fournir des renseignements en échange de l’aide que nous leur avons promis ; il est certain que les Viet Minh vont revenir comme auparavant et prendre des sanctions contre les « collaborateurs » - Cette absence de liaison entre civile et militaires est un des faits marquants de la campagne ; nos chefs semblent se soucier fort peu du rétablissement de l’ordre administratif : c’est pourtant de lui que tout dépend -
20-22 Janvier 1946 - Opérations de nettoyage, en liaisons avec les unités du 21e RIC, au N d’Hoc Mon, sur demande de l’autorité civile, en la personne du délégué de Hoc Mon , qui semble manquer quelque peu de vues précises sur l’attitude à adopter – Il est vrai que la situation est délicate, car le secteur d’Hoc Mon, depuis 1940, est un des foyers de l’agitation révolutionnaire, dans le sud cochinchinois – Par ailleurs les administrateurs confirmés qui ont servi ici pendant l’occupation japonaise sont tenus à l’écart, suspects de « vichysme » - Leur absence ne tardera pas à se faire sentir – Exalter devant des annamites l’esprit de l a « résistance française » est un maladresse que commettent fréquemment bien des nouveaux débarqués - Reconnaissance avec ma section, à 40 Km N d’Hoc Mon, d’un important stock de caoutchouc (10 000 tonnes) confié jusqu’à présent à la garde des Japonais (?) qui semblent bien être cause d’incidents récents (attaque soi disant Viet Minh avec incendie de magasin...) - De nombreux japonais utilisés comme travailleurs par le Génie circulent librement à l’intérieur de notre secteur et il est certain qu’une bonne partie fournit des renseignements aux rebelles – Ils sont peu à peu concentrés près du Cap Saint Jacques pour être embarqués sur le Japon dès que nous aurons des navires disponibles - Réception cordiale à la popote du colonel Delteil Cdt le 21eRIC (notre commando est à la disposition en particulier du Cdt De Bollardière, Cdt les U.R), installée dans la grande pagode de Hoc Mon –