22 – 30 Octobre 1945 - Début des mouvements du personnel du Haut Commissariat, sur Saigon ; les membres des cabinets tant civils que militaires sont bien peu au courant des questions indochinoises ; j’ai eu l’occasion, depuis 1 mois, d’en fréquenter un certain nombre et il est assez inquiétant, pour l’avenir de la Fédération Indochinoise, de se dire que des questions primordiales seront traitées par des fonctionnaires, de bonne volonté certes, mais combien incompétents ! Je commence à passer mes fonctions au Capitaine Faure de la base de transit qui restera ici pour liquider – Paperasserie intense – Je ne suis pas mécontent d’abandonner le Q.G. Qui ne m’a donné aucune satisfaction
30 Octobre 1945 - Visite, au dépôt de transition de Chandernagor, du chef d’Escadron Pourdieu, Cdt le 1er Bureau du Général Leclerc et qui affecte tous les officiers venant de Chine – Une partie est rapatrié d’office – Pour ma part, je dois rejoindre incessamment un Bataillon du R.I.C. à Trincomalle (Ceylan) - Départ pour la France, comme rapatrié sanitaire, du s/Lt Py, un de mes bons amis de Diburgarh -
31 Octobre 1945 - Dernier tour à Calcutta – Règlement des dernières questions auto de mon service – Revu le Cdt Reul, qui a réussi à reconstituer sa clique de Cao Bang : Capitaine Faucon, Fraiche, Mr de Naurois ...
2 Novembre 1945 - Embarquement en voie ferrée à Calcutta avec sept « anciens » de Chine : cap. Deduit, Deschaintres, F.T.N ; Lts Dougnet, Chenel, Barthes ; S/Lt Gaydon – Départ à 11 h 00 – Déjeuner à Khargpur à 14h00 – Passage à Cuttack à 20h – Dîner à Khurda Road à 22h00 – C’est, pendant toute la journée, la traversée du Bengale, dans le delta du Gange – Paysage peu varié et plat de rizières coupées de massifs d’aréquiers et de palmiers à sucre où se dissimulent des villages – quelques hauteurs à l’ouest, en fin de journée : les premiers contreforts des plateaux du Dekkan -
3 Novembre 1945 - En début de matinée, nous traversons la région de Chicauleroad – Des rochers érodés, surgissent du sol, entre les palmiers – Région sèche de champs labourés – Des villages, genre français, avec de petites maisons très blanches - A 9h00 : nous prenons le breakfast à Vizianagaram, petite ville agréable, bâtie sur un joli lac – végétation très verdoyante - A 11h00 : Waltair : camp militaire au milieu des pins – Région industrielle - 14h30 : déjeuner à Tuni – 18h00 : traversée de Godavari, très important, 9096 pieds de large dit une inscription à l’entrée du pont – 20h00 : dîner à Ellore – 23h00 Bezwada, qui, [ ] dans la nuit, serait une très grande ville – Partout, les buffets sont remarquablement organisés : personnel en tenue blanche impeccable – Boy panka – Cuisine soignée... Alors que les voyageurs européens sont rares : outre nous, 8 français (qui avons un wagon spécial), le train ne comporte que 5 ou 6 anglais - A tous les arrêts, nous sommes assaillis par des mendiants de tous âges et des 2 sexes, au mot tabou « bakchich », d’une ténacité inconnue dans tous les autres pays du monde – Innombrables infirmes – Montreurs d’ours et de singes – Acrobates – Charmeurs de serpents...
4 Novembre 1945 - 8h00 : Gudur : région très sèche (qui rappelle, dit le légionnaire Chenel, la Tunisie) – courte brousse – Peu de villages – Aux approches de Madras, le paysage devient plus sympathique : la voie ferrée longe la mer – Sable, cocotiers et filhos - 12h30 : arrivée à Madras – 30 heures d’arrêt – Dissociation de notre détachement qui éclate dans les différents hôtels – Je file avec Gaydon ; nous nous offrons le luxe d’un petit appartement de 4 pièces - La ville, très animée (1 million d’habitants) est plus colorée que Calcutta ; elle a aussi plus de cachet : beaucoup de bâtiments, surtout dans le centre, de style anglo-hindou : Mylapore temple – La prison – Le marché – Aquarium – Zoo – Le fort Saint Georges – Magnifique plage que longe sur un Km de long une promenade grandiose