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Carnet de campagne de Cochinchine de Jean François Lacour (Carnet 1)

Expédition de l’Indo-Chine 1857 - 1858 - 1859

dimanche 12 avril 2009

J.F. Lacour Campagne de Cochin-chine 1er carnet qui relate son long périple en bateau pour rejoindre Saigon

On parle depuis longtemps d’une expédition à Saïgon, qui passe pour l’une des villes les plus fortes de l’empire, la première après la capitale, nous faisons nos préparatifs, les chevaux nouvellement arrivés de Manille sont attelés aux obusiers de montagne et se décident, non sans peine à les traîner.

Janvier se passe en préparatifs de défense pour Touranne et d’attaque pour Saïgon. L’ennemi s’est depuis plusieurs mois, porté en nombre sur la rive gauche de la rivière. On commence à regretter d’avoir fait sauter les forts est celui de l’Est et réarmé et réparé.

Les annamites remuent la terre avec activités et couvrent toute la plaine de tranchées et de batteries. A diverses reprises leurs ouvrages sont attaqués et enlevés, mais l’effectif de nos forces ne permet pas de les occuper, et l’ennemi s’y réinstalle dès que nous sommes partis. Cependant l’expédition est officiellement annoncée et l’ordre du jour désigne les troupes qui en feront partie. Tout le monde voudrait y aller et ce qui reste pour garder la position envient le sort des partants. Je commande l’artillerie de l’expédition composée de 3 obusiers rayés et 3 ordinaires. Deux de ces derniers sont armés par des marins, ayant pour chef de section un enseigne de vaisseau.

Le 2 février je suis embarqué sur la Meurthe avec mes hommes et la division navale se met en route pour Saïgon.

La traversée se fait par beau temps, je suis bien logé et embarqué à la table du commandant. Après deux jours nous entrons dans la rade de Camraing pour attendre les bâtiments à voiles partis deux jours avant nous. La rade est magnifique, spacieuse et bien formée. En arrière de la rade principale est un second port où les navires de fort échantillon pourraient encore trouver mouillage. Un petit fort établit au-dessus de la vallée qui forme le fond du second port, ne donne pas signe de vie et les embarcations qui vont le reconnaître ne sont pas attaqués. On achète aux habitants des légumes des cocos et des fruits qu’ils viennent apporter à la plage. Le lendemain on se remet en route et six heures après on arrive au mouillage du Cap Saint-Jacques, où la canonnière la Dragonne nous a devancé pour protéger au besoin nos bâtiment du commerce contre une batterie dont on a appris l’existence.

Devant nous est un grand village occupant une charmante vallée couverte de beaux arbres et surtout de cocotiers. Les habitants à la vue de la flotte mouillée devant leur baie se préparent à évacuer le village et on remarque pendant toute la soirée leur émigration vers l’intérieur.

On aperçoit de très près un fort circulaire dominant la baie est au pied du fort, un ouvrage en sable et en bois qu’on a pris d’abord pour une clôture ou un parc à buffles mais on ne voit personne dans ces ouvrages. Les embarcations qui vont les reconnaître ne sont pas inquiétées. Cependant on voit des embrasures et des pièces en batterie et l’attaque des deux ouvrages est annoncée pour le lendemain.

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